fragilités
la photographie comme thérapie salvatrice ?
Il y a d'abord la souffrance: celle d'un être qui voit sa vie basculer du jour au lendemain et qui perd prise avec la réalité ! Celle d'un adolescent qui voit le monde autour de lui s'écrouler et son esprit "sain" peu à peu quitter son corps. c'est également celle d'une mère, d'un père, de frères et d'une soeur qui se retrouvent désemparés face à une maladie qu'ils ne comprennent pas et pour laquelle on ne donne que très peu de pronostic de guérison.
Il y a également le silence: celui d'un être qui peu à peu se renferme sur lui-même et qui ne veut (peut) plus communiquer avec le monde qui l'entoure. Celui aussi des proches qui n'osent pas nommer cette maladie et qui à cause de la "Hchouma" (honte) préfèrent la taire. Ce sont les silences de moments qui n'auront probablement jamais lieu: des moments de rire, de jeux, de crises d'adolescence, de colère, d'amour,...
Des années plus tard de luttes et de combat contre à cette maladie, la photographie s'est imposée à moi comme un exutoire de toute cette souffrance et de toutes ces questions qui me hantent depuis si longtemps. Pourquoi lui ? Comment est-ce arrivé ? Sommes-nous responsables de son mal-être ?
La photographie fixe autant qu'elle ébranle : elle ré-ouvre des blessures que l'on croyait refermées et s'impose comme le moyen privilégié de pointer des fragilités de l'esprit, de fixer le sol sur lequel tremblent nos certitudes. Elle nous révèle également le vrai sens à donner à la vie.
Si la société actuelle a longtemps considéré les malades schizophrènes comme des personnes potentiellement dangereuses et instables, incapables de s'intégrer, il nous est encore tout de même possible de montrer une autre facette de cette maladie et peut-être espérer des sursauts de conscience de la part du schizophrène.
Fragile "comme le sel des larmes d'enfance", voilà ce qu'écrivait Rimbaud. C'est ainsi qu'apparaît cette innocence, trop tôt et trop vite désarmée, de cet adolescent placé dans des centres psychiatriques et soumis à de lourds traitements.
Dans ce travail, Mimoun nous interroge, nous cherche, puis se perd à nouveau dans une tristesse rêveuse, nous laissant silencieux ou circonscrits!


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